22 mai : fête de l’égalité filles garçons au lycée Rabelais

(actualisé le )

Cher.e.s collègues,
Chers parents,
​Cher.e.s élèves,

« Ici, on peut être soi ». Le mot d’ordre choisi par le ministère de l’Education nationale pour le 17 mai, journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies, résume parfaitement l’objectif de notre projet d’attribution de noms aux salles de notre établissement. Dans un établissement scolaire, chacun et chacune est absolument libre d’être ce qu’il ou elle est, ce qu’il ou elle veut être, dans son identité, dans son apparence, dans la construction de son projet d’avenir. Une école, un collège ou un lycée est, par excellence, le lieu où doivent être brisés tous les déterminismes, condition sine qua non pour que la liberté et l’égalité, valeurs cardinales de notre pacte républicain depuis la Révolution, ne soient pas de vains mots mais des réalités concrètes.

L’attribution de noms aux salles de notre lycée, dont l’inauguration officielle a eu lieu lundi soir 22 mai en présence d’élu.e.s de Meudon, a trois objectifs : il s’agit tout à la fois d’un travail de mémoire, d’orientation et de désinvisibilisation.

D’abord, en tant qu’historien, je sais que la mémoire est parfois capricieuse et que le processus de « cristallisation mémorielle », par lequel une œuvre, un événement ou une personne commence à intégrer la mémoire collective, peut être entravé par divers obstacles. Les femmes tout particulièrement ont longtemps été et sont encore, victimes de cette mémoire sélective et partiale, ce que l’on appelle « l’effet Matilda » : le déni, la spoliation ou la minimisation récurrente de la contribution des femmes à la recherche scientifique, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins. Renommer une salle « Rosalind Franklin », c’est rendre justice à celle qui, ayant découvert l’ADN, a vu trois hommes recevoir le prix Nobel à sa place. Baptiser une salle « Lise Meitner », c’est rendre justice à une pionnière des recherches en physique nucléaire, qui joua un rôle majeur dans la découverte de la fission nucléaire, dont elle fournit la première explication théorique, mais qui vit elle aussi l’un de ses homologues masculins être primé à sa place et recevoir le prix Nobel de Chimie en 1944. Ces nouveaux noms de salles sont donc autant de « lieux de mémoire », pour reprendre la jolie formule de l’historien Pierre Nora, qui vont non seulement entretenir le souvenir des personnalités retenues, participer à leur intégration à la mémoire collective, mais aussi constituer des modèles inspirants et inspirantes pour nos élèves.

En effet, en tant que référent Egalité Filles-Garçons, je sais aussi que les jeunes ont besoin de modèles auxquel.le.s s’identifier. Afficher sous les yeux des lycéennes des exemples de femmes ayant brillamment réussi dans le domaine des mathématiques, comme Maryam Mirzakhani, mathématicienne iranienne et première femme lauréate de la médaille Fields, dans le domaine des sciences physiques et chimiques, comme Marie Curie, première femme à recevoir un prix Nobel, première femme professeure à la Sorbonne et première femme panthéonisée, dans le domaine de la biologie, comme Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de Chimie en 2020 et inventrice des « ciseaux génétiques » qui révolutionnent la médecine en permettant de guérir des maladies héréditaires et certains types de cancers, c’est les encourager à ne pas s’autocensurer, à choisir des spécialités scientifiques en Première et Terminale, à poursuivre des études scientifiques dans l’enseignement supérieur, à oser envisager de brillantes carrières dans leur vie professionnelle. Les sciences ne sont pas réservées aux garçons.

Mais ce projet d’attribution de noms aux salles de notre lycée va encore plus loin. La liste retenue, proposée par les élèves du Club Egalité, soumise à l’ensemble des personnels de la cité scolaire, qui l’ont amendée, est aussi inclusive que possible et comporte des personnalités valides et handicapées, de tous les genres, de toutes les origines, de toutes les religions, de toutes les orientations sexuelles. Elle permet ainsi de désinvisibiliser certaines identités trop longtemps invisibilisées, de normaliser certaines identités depuis trop longtemps considérées comme anormales, de montrer à nos élèves que, quel que soit ce que l’on est, quels que soient les obstacles qui se dressent sur la route, surtout lorsque l’on est à l’intersection de deux groupes invisibilisés ou discriminés, il est possible d’avancer, de surmonter les épreuves et de réussir brillamment. Renommer le stade du lycée Megan Rapinoe et l’un des gymnases Tom Daley, c’est rendre hommage à une sportive et un sportif homosexuel.le.s qui se sont battu.e.s contre les LGBTphobies et contribuent à briser tous les stéréotypes liés au genre et à l’orientation sexuelle. Alors que les violences homophobes et transphobes explosent, ce travail de pédagogie est plus que jamais nécessaire. Comme l’écrivait très justement le philosophe musulman Averroès : «  L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation. »

Vous trouverez en pièce jointe un diaporama présentant les panneaux apposés sur les salles du lycée. J’espère qu’il vous apprendra des choses, vous fournira des modèles et contribuera à diffuser la culture de l’égalité et à lutter contre toutes les formes de discriminations.

Bien cordialement,

​Mathias Burgé
Professeur d’histoire, géographie et géopolitique
Référent Egalité Filles-Garçons du lycée