Rencontre débat avec l’auteur d’ "Attentats, les visages de la terreur"

Jeudi 18 février 2016 grâce à M.Baquiast, proviseur du lycée Santos Dumont de Saint Cloud, une rencontre a eu lieu entre CVL et CVC de notre bassin.Etaient présents :
  Lycée Santos Dumont (lieu de la rencontre à Saint-Cloud)
  Lycée Ionesco (Issy les Moulineaux)
  Lycée Rabelais (Meudon)
  Collège Gounod (Saint Cloud)
  Collège Bergson (Garches)
  Collège Jean Moulin (Chaville)
Rencontre passionnante autour du film et de la personne du journaliste de télévision Stéphane Bentura. Nous avons d’abord revu son film de 95 mn qui venait d’être diffusé France 3.

Objectif de la rencontre
  Permettre aux représentants des lycées du bassin de Boulogne de se rencontrer, d’échanger et de réfléchir à des projets ensemble.
  Débattre autour du film-documentaire Les visages de la terreur aux côtés de son réalisateur Stéphane Bentura.
  Comprendre comment réaliser un documentaire journalistique, le travail fait par le journaliste et l’intérêt pour nous, élèves et (futurs) citoyens, de s’informer sur plusieurs sources.

La rencontre
Dans ce documentaire, Stéphane Bentura voulait comprendre la logique du parcours des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, les terroristes de janvier 2015. Non pas justifier leur crimes, mais comprendre comment des hommes en sont venus à assassiner au nom d’un dieu. Cela a nécessité 10 mois de travail.Vous trouverez ici une Note d’intention du réalisateur

Le travail du journaliste
  S’informer auprès de sources différentes
  Sortir des préjugés sur les autres et sur soi-même pour être le plus objectif possible
  Etre conscient de la subjectivité de la source

Et nous ?
  C’est maintenant qu’il faut nous protéger de toute sorte de propagande ou d’embrigadement en nous nourrissant l’esprit par des informations fondées provenant de sources variées. Notre société est pluraliste, il faut en profiter
  Il faut douter des médias qui transmettent les informations immédiatement (BFMTV par exemple) sans toutefois vérifier la véracité totale de cette information.
  Danger des informations qui circulent sur les réseaux sociaux : vérifier auprès de sources sûres.

• Les réactions des jeunes présents

  Le terrorisme est un thème récurrent qui en devient lassant
  Comment expliquer que certains parviennent à sortir du Djihadisme ?
  Les terroristes sont-ils drogués pour pouvoir tuer des hommes de sang-froid ?
  Comment lutter contre le terrorisme ? Quels moyens mettre en place ?
  Quelle est la différence entre Al-Qaeda et Daech ?
  Quelle est l’influence du milieu carcéral dans la formation de nouveaux terroristes ?
  Pourquoi ne rétablissons-nous pas la peine de mort ?
  Pourquoi ne pas fermer les portes du pays aux personnes revenant de Syrie et présentant le risque d’avoir suivis une formation terroriste ?
  Comment se fait-il que les éducateurs de Chérif Kouachi l’aient laissé partir du foyer à la suite de son frère alors qu’ils savaient qu’il n’était pas encore prêt, pas assez mature ? Quel est donc le rôle de l’Etat dans la formation de nouveaux terroristes/extrémistes.

Les réponses du journaliste et les réactions de certains jeunes
  A la question du Djihadisme : le documentaire montre justement qu’on ne naît pas terroriste, on le devient. On naît homme. En tant qu’homme on peut choisir de devenir assassin. Mais en tant qu’homme on peut aussi être ramené à la réalité de la vie et décider de changer de route. (c’est une hypothèse parmi d’autres)
  Pour les frères Kouachi il y avait une part identitaire dans le fait de pratiquer leur religion. Jeunes orphelins de parents algériens la religion musulmane pouvait leur permettre de leur rappeler leurs racines.
  A la question sur la drogue : Bendura affirme avoir posé la question à des spécialistes à cause de la même rumeur. Ces derniers soutiennent que Coulibaly n’était pas drogué lorsqu’il a exécuté les otages de sang-froid. L’explication se trouverait plutôt dans le fait que ces islamistes radicaux pensent venger et non pas tuer. Ils sont convaincus du bien-fondé de leur action.
  Comment lutter contre le terrorisme (à l’échelle nationale) : telle est la grande question. Le journaliste nous répond que la première solution serait de lutter pour une meilleure égalité à l’école (élitisme) et dans la société. De son point de vue, l’égalité est synonyme de progrès.
  (à l’échelle de nos établissements) : apprendre aux jeunes à toujours douter des informations qui leurs sont données et à toujours vérifier leur véracité sur des sources sures. Il est aussi nécessaire d’évoquer les dangers d’internet et des médias (immédiateté, inexactitude) Il est important d’habituer les jeunes à vérifier à la source. Il faut nous même essayer de briser les « castes » entre les établissements d’une même commune : le changement commence à notre échelle
  Différence entre Daesh et Al Qaeda : Daech est issu d’Al Qaeda Irak
  Les conditions carcérales en France sont bien pires qu’en Angleterre nous répond le journaliste. Coulibaly disait lui-même que les conditions de vie en prison sont le meilleur moyen pour ne pas s’en sortir. Il faut aussi se demander quelle est la représentativité du récidiviste sur tous les autres qui se réinsèrent
  La peine de mort aux EU n’est pas une réussite car on tue beaucoup d’innocents. De plus elle n’empêche pas la délinquance
  Pourquoi ne pas fermer les portes du pays à certains : s’ils ne sont pas terroristes en France, ils le seront ailleurs. De plus cela ne ferait qu’accentuer le sentiment de rejet de certains membres de la société et aggraveraient très probablement le nombre de personnes qui deviendraient extrémistes

  Stéphane Bentura a bien insisté :
• Il ne faut pas résumer le parcourt des terroristes à celui des frères Kouachi et de Coulibaly.
• Attention à la théorie du complot (même l’oncle maternel veut penser que ses neveux ont été manipulés). Il faut se nourrir de choses vraies, fondées et pour cela toujours faire attention à la source de l’information.

Et après ? Que faire dans nos lycées ? Quelques idées :
  Création d’une page facebook qui publierait des informations pour éviter les rumeurs
  Temps de débats
  Maintenir ces temps de rencontre inter lycées (un prochain à la fin de l’année ?) car ils stimulent les projets et peuvent permettre à long terme de créer des liens entre les établissements
Manon Chapuis, CVL
Insaf Belkebir,
Linda Ayeb,